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À l'approche de sa propre mort peut être ressent on le besoin de s'immortaliser. Pour ce faire on décide de contribuer aux nombreux articles, nouvelles et diverses publications virtuelles parmi lesquels on s'endormira tard ou très tôt, la nuit de préférence. Lorsqu'on se promène, on tombe toujours sur un site intéressant dont on ne se souvient plus l'adresse une fois ses esprits repris. Ces promenades sur la toile sont un peu comme un fix à rallonge. On avance, avance en déviant, selon une logique touristique auto-recyclée à très court terme. On est soit complètement paumé, son périple s'apparente à une suite futile et stérile dont le désordre n'est ni magique ni poétique. Soit on tangue joliment jusque découvrir de beaux et nouveaux ports, puis, avertis de ses reflexes de new born scout, on arrive à retracer les étapes de son récent voyage métaphysique.
Oui décidément l'ordinateur et le www sont bien devenus le prolongement de notre corps; jusqu'à en remplacer les terrains de jeu.
Je ne pourrais pas retranscrire la longue discussion que nous avons eue avec un ami à ce sujet. Il est une idée cependant que je souhaite partager: cette fichue simultanéïté qui fait de nous des esclaves de la machine. L'objet n'étant plus un prolongement créatif et contrôlable de et par l'homme mais bientôt l'issue de sa transformation. Je ne suis pas contre le changement, je suis contre l'anihilation de tous nos sens au profit de seulement un ou deux. La totale immersion dans la machine du toucher et de la vue: nos doigts n'effleurent plus que le clavier, nos yeux ne regardent plus qu'un lcd, même le son certes de plus en plus discret des touches, tout ça... pour en finir avec la vraie vie. Pourquoi ne pas transposer une version exacerbée de nos sens sur le réseau? Travailler la cohabitation de notre corps avec la machine; plutôt que d'ériger une idole qui supprime nos autres manifestations jugées obsolètes, désuettes, régressives? Comment trouver le juste milieu entre changer et s'enterrer?
http://mrfloydsack.blogspot.com/2011/06/blog-post.html
Ce texte-ci me bouleverse particulièrement. D'une part, parce que votre réflexion Zaloui va plus ou moins dans le même sens que la mienne. En effet, dans le monde du net, qui n'est qu'une dimension particulière du monde terrestre, on peut parfois y lire des confidences dans un registre douloureux parce que s'y exprime une authenticité. Ce sont des détresses qui se libèrent. Ce sont des traces d'un combat dont les témoins ne savent comment réagir car l'écoute bienveillante n'est malheureusement pas évidente à manifester dans le monde internet.
Il en est de même lors d'une relation amoureuse à distance. Le monde virtuel permet difficilement de se raccrocher à une réalité tangible. Tout passe par des "mots" et lorsque le rapprochement n'est pas réalisable, il faut savoir que les rencontres physiques seront rares et que l'essentiel de la relation se fera par échange de mots, temps partagé sans contact physique. A la longue, cela devient très frustrant sur le plan tactile et sensoriel. Les émotions cérébrales pourront peut-être être fortes mais celles qui apparaissent au contact de l'autre seront rares.
Oui, le net donne beaucoup de fausses illusions finalement !!!